Quel sera le changement dans les services mobiles au Québec et quel impact cela aura-t-il pour vous
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Bonjour à tous, aujourd’hui, revenons sur la décision récente du CRTC qui a fait connaître ses critères pour permettre des opérateurs mobiles virtuels au Canada. Regardons quel sera l’impact de cette décision sur le marché des services mobiles au Québec et quelle incidence cela aura pour vous.
Premièrement, déterminons un opérateur mobile virtuel (MVNO), qui est un terme du jargon du monde des télécommunications. En général sur la planète, un opérateur mobile virtuel, c’est une entreprise qui vend des services cellulaires, mais qui ne possède aucune infrastructure, aucune tour et aucun ordinateur central. Elle loue de quelqu’un qui possède ces infrastructures, du temps d’antenne qu’elle revend à ses clients. C’est une entreprise qui n’opère pas un réseau comme tel et qui est plus axée sur le côté commercialisation. Aux États-Unis, il existe près de 200 opérateurs mobiles virtuels qui utilisent un des 3 ou 4 réseaux qui sont en place.
Au Canada, il existe aussi des opérateurs mobiles virtuels qui ont signé des ententes avec les compagnies telles que Bell, Telus et Rogers. Cependant, on les compte sur les doigts d’une main comparativement au marché américain. Les opérateurs d’ici ont préféré lancer leurs marques maison tels que Fido, Koodo, Public mobile, Virgin Plus, etc. afin de se faire concurrence eux-mêmes, plutôt que d’ouvrir le marché à des opérateurs mobiles virtuels. Aux États-Unis et dans d’autres pays, il y a une concurrence entre les joueurs pour aller chercher les opérateurs mobiles virtuels parce que ceci leur apporte des revenus. Au Canada, on assiste à un braquage de toutes les entreprises pour ne pas signer d’ententes de type opérateur mobile virtuel. Il en existe quelques-unes, mais c’est très limité.
Ce que le gouvernement espère avec cette décision, c’est de permettre les opérateurs mobiles virtuels au Canada. Selon ces règles connues, le gouvernement va obliger les trois grands opérateurs à permettre les opérateurs mobiles virtuels dans le but d’apporter une meilleure concurrence dans le marché et de faire baisser les prix pour les consommateurs. Ce qui est important de comprendre, c’est que les règles mises en place sont assez contraignantes. Par exemple, l’opérateur qui veut utiliser cette possibilité d’opérateurs mobiles virtuels peut se prémunir de cette loi pour obliger les grands à lui vendre du service. Cependant, il doit lui-même être un opérateur mobile qui est en fonction en ce moment. Il doit donc posséder des tours, avoir des clients et avoir un système en place. Également, il doit aussi avoir du spectre et des fréquences sur tout le territoire auquel il veut offrir ce service d’opérateur mobile virtuel. En résumé, c’est une façon d’aider les petits joueurs qui sont déjà en place ou qui sont déjà près d’être sur le marché à bonifier leurs services. Cette décision n’aide pas une entreprise à démarrer un réseau de type opérateur mobile virtuel puisque ça ne sera pas virtuel. Les entreprises doivent avoir un réseau et le gouvernement leur donne 7 ans pour utiliser le réseau des trois gros joueurs en attendant de mettre en place leur propre réseau. Pour finir, c’est une façon d’aider les joueurs en place à accélérer le déploiement afin d’apporter un peu plus de concurrence. Il est important de spécifier que ce n’est pas du tout une règle d’opérateur virtuel comme ailleurs sur la planète.
Cette décision apporte quelques autres éléments. Dans le jargon technique, le « handoff », est l’obligation d’avoir une transition. Par exemple, vous êtes un abonné de Vidéotron et vous êtes en déplacement. Vous quittez le réseau de Vidéotron pour aller sur le réseau de Bell puisque celui-ci est plus étendu. Votre appel n’aura pas de coupure durant votre conversation. À l’heure actuelle si la situation arrive, votre appel sera interrompu. Cette décision ne vient pas seulement aider au niveau du tarif, mais également au niveau de la qualité de service.
Les tarifs chargés par Bell à Vidéotron par exemple ne sont pas encore connus dans cette décision et les entreprises doivent négocier entre elles. Si elles ne viennent pas à une conclusion qui fait l’affaire des deux parties, elles pourront aller devant le CRTC et ce dernier tranchera sur le tarif final. Le tarif est un élément important de cette décision. Quel sera le prix pour voir si Vidéotron et les autres pourront être compétitifs dans ce type de service ? Pour bien comprendre, si vous allez à Gaspé avec votre service de Vidéotron en ce moment, vous utilisez le réseau de Telus. Vidéotron avait le droit de le faire de façon temporaire, pour vous permettre d’y aller, mais vous ne pouviez pas y rester de façon permanente. Cette nouvelle loi va permettre à Vidéotron de vendre à Gaspé ses services, ce qui lui était impossible actuellement. Comme Vidéotron est propriétaire de fréquences à Gaspé, à partir du moment où tout ça sera mis en place en 2023, Vidéotron aura le droit de vendre des services à Gaspé. Vous pourrez y être de façon permanente sur le réseau de Telus à Gaspé et tout ça pendant 7 ans, le temps que Vidéotron déploie son propre réseau à Gaspé.
En deuxième partie, regardons les impacts sur les joueurs dans le marché du Québec. Premièrement, il y a Cogeco qui tergiverse depuis déjà quelques années sur le lancement ou non de son service mobile. Cogeco a acheté des fréquences depuis quelques années, sur 90 % de leur territoire de câblodistribution. Plusieurs de ces fréquences sont dans l’est du Québec. Cogeco devra décider en 2023 de faire le saut ou non en tant que service mobile.
Le deuxième joueur, c’est Vidéotron. Avec cette décision rendue par le CRTC, nous devrions le voir étendre la vente de ses services partout au Québec. Pour Vidéotron, c’est une opportunité d’atteindre le reste du Canada. Ils ont acheté des fréquences dans les provinces de l’Ouest et en Ontario et essaient à l’heure actuelle d’acheter Freedom mobile. Tout ça va ensemble vers une stratégie globale de prendre de l’expansion à l’extérieur du Québec. Ce sont les deux plus gros noms qui nous viennent en tête et il en existe quelques autres.
Il y a l’entreprise Xplornet, qui s’est renommée Xplore dernièrement. Celle-ci est propriétaire de fréquences un peu partout au Canada. Elle avait démarré un service mobile au Manitoba qu’elle a arrêté cet été, après quelques années d’opérations. Xplore pourrait décider de se relancer dans la mobilité un peu partout au Canada, puisqu’elle possède des fréquences. Une décision qu’elle aura à prendre prochainement et qui pourrait avoir un impact au Québec.
Il y a d’autres petites entreprises qui pourraient nous surprendre au Québec. Citons Solutions Ambra, qui possède des fréquences dans les régions rurales du Québec et dans le Nord. Ils ont un projet, entre autres, dans le secteur de La Tuque. Ils pourraient décider d’offrir des services d’opérateurs mobiles virtuels dans les endroits où ils ont des fréquences. Ici, ce sont des endroits qui sont à l’extérieur des grands centres urbains.
Une autre compagnie, Sogetel, est une entreprise de téléphonie qui est dans le cœur du Québec. Celle-ci a déjà des services mobiles et elle a acheté à nouveau des fréquences au dernier encan. Avec ces fréquences, ils pourraient déployer du service dans des endroits comme Drummondville, Trois-Rivières, etc.
Également, vous avez déjà peut-être entendu parler de Télécommunications de l’Est qui est la propriété d’i-MobileCa et qui fait partie du groupe Iristel. Elle possède une fréquence cellulaire et cette décision pourrait être utilisée par i-MobileCa pour relancer nos services cellulaires.
Pour terminer, pour avoir le droit d’opérer ce type de réseau, ça prend des fréquences. Il y aura d’autres encans de spectre dans les prochains mois ou prochaines années. Les entreprises qui voudraient devenir des MVNO pourront potentiellement acquérir des fréquences. Cependant, il ne faut pas oublier que cette loi demande de bâtir son réseau et requiert des investissements importants. Par exemple, si la compagnie ne bâtit pas son réseau dans les 7 prochaines années, à ce moment, elle pourrait perdre le droit d’utiliser le réseau des gros joueurs et perdre tous ses clients par défaut.
C’est l’avenir qui nous dira si le gouvernement a pris la bonne décision. Est-ce que ceci aura un impact sur votre factuelle mensuelle ? Est-ce que vous aurez plus de choix ? À suivre !
Daniel Gignac
Directeur général
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